Appel à contribution

Géopolitique du Cameroun

Le contentieux historique en perspective

1. Contexte

Les 07, 08 et 09 octobre 2021, la France accueille le sommet Afrique-France, après
plusieurs reports dus au Covid-19. Le format, inédit, fait la part belle à l’élite intellectuelle, aux gens de lettres et personnalités de la société civile. Au-delà de la date, le lieu (Bordeaux d’abord, haut lieu de la traite négrière, Montpellier finalement, ville plus consensuelle) aussi a changé. Le thème aussi ambitieux qu’équivoque des « fondamentaux de la relation entre la France et l’Afrique » s’est éclipsé au profit du financement des économies africaines. L’historien camerounais Achille MBEMBE s’est vu confier, par le Président français Emmanuel Macron, la coordination et l’animation de cette rencontre ; ce qui a immédiatement suscité, sur le continent comme dans ses diasporas, de vifs débats et controverses. L’opportunité de cette rencontre autant que la légitimité (la qualité ?) des intervenants a alimenté plusieurs tribunes. Par-delà les effets d’affichage, la France est-elle aussi prête qu’elle le voudrait, à affronter la complexité de ses malentendus avec l’Afrique et à vider le « contentieux » de relations nées dans le conflit, l’usage de la force, de l’exploitation et la domination coloniale ? Tel est, ramené à l’échelle du Cameroun, le sens de la question que se propose d’explorer cet ouvrage pionnier. Les notions de « contentieux historique », desquelles les thématiques décoloniales, de réparations découlent.

2. Argumentaire

C'est quoi le "Contentieux historique" ?

Le « contentieux historique » est un concept-clé exploré et mis en discussion publique par Tom Daniel Yagnye (2004). Dans Un demi-siècle d’indépendances piégées, cas du Cameroun et la RD-Congo, il affirme : « Le contentieux avec la France coloniale et colonialiste est constitué par les actes délictueux commis par l’ex-Métropole au Cameroun, coloniale sous sa ‘tutelle’ de 1919 à 1959 ». L’auteur et mémoire vivante de l’UPC affirme ainsi que le contentieux « se rapporte ainsi à l’ensemble des litiges de nature politique, juridique et proprement historique opposant la France au Cameroun, et pouvant être tranchés en justice, ainsi qu’à l’ensemble des règles et procédures de droit particulières s’appliquant à ces litiges ». Dans le détail, l’auteur affirme qu’il s’agit de crimes divers et d’autres actes attendant à la liberté et à la dignité humaine commis par les Français, à l’encontre des populations locales.

L’objet de l’ouvrage est de réfléchir aux normes, aux pratiques, aux usages, aux coutumes, conventions et « mauvaises pratiques » qui présideront dès lors au rapport historiquement constitué entre la France et le Cameroun. Il donne à cerner les enjeux normatifs d’une politique françafricaine qui est aujourd’hui encore décriée de beaucoup, dans les conséquences funestes qu’elle finira par avoir, en longue durée, sur le destin de millions de personnes, notamment en internalisant des dispositifs massifs de violence et de prédation. La date du 27 août 1940 a en effet posé la France comme source unique du pouvoir et de préconisations des valeurs, alors que l’Afrique devenait récipiendaire exclusif des conséquences de violations, de viols et de violence ainsi commis. L’ouvrage permet de s’interroger sur les enjeux de fabrication de la mémoire, à l’extension des travaux de Franz Fanon et de nombreux autres historiens, sur le sujet. Il permet dès lors d’ouvrir la brèche sur les ressources que les Africains pourraient mobiliser non seulement pour solder ce passé douloureux, mais plus encore pour redéfinir une relation à eux-mêmes et à la France, qui passe par la prise en compte de cette faille.

Si la méthode historique préside à la structure de l’ouvrage, les éclairages interdisciplinaires des différents champs des sciences humaines et sociales sont encouragés. On s’appuiera sur des archives et des sources de première main, la théorie de la justice ou la théorie décoloniale. Les réparations pour les violations humanitaires et la restitution des biens pillés pendant la colonisation sont un défi majeur. Bien qu’il y ait eu des développements récents tant dans la théorie que dans la pratique des réparations à la faveur , le passif historique n’a pas toujours été résolu, pire continue de susciter des remous.

3. Axes de l’ouvrage

L’ouvrage est une réappropriation de l’histoire en train de s’écrire (Africa 2020), un réinvestissement académique du procès de la colonialité de la ‘francafrique’, mais dans le même temps, une projection sur le défi de la mémoire.

Les propositions d’articles pourront porter sur l’un des 3 axes thématiques suivants.

Les avatars du contentieux historique

Organisation du tout premier scrutin de l’histoire du Cameroun.

Loi électorale ségrégationniste, Blancs # Noirs.

l’Association des Colons du Cameroun.

Le massacre du 24 septembre 1945 à Douala.

Postcolonialité et contentieux historique

politique inscrite dans la violence et la prédation

patrimonialisation et gouvernance : Le règne des « Big Men »

L’accès de la France aux ressources et au marché camerounais

Une modernité impossible

Sentiment antifrançais ou sentiment antifrancophone ?

Démocratie et francafrique : injonctions paradoxales de la France

Corruption et mal-gouvernance au sommet : la base est-elle innocente ?

4. Modalités de contribution

En français ou en anglais, les contributions (article de recherche, essai, documents d’archive…) sont attendues au plus tard, le 30 octobre 2021. Chaque proposition devant contenir les éléments suivants :

  • Un titre (et un sous-titre le cas échéant)
  • Un résumé (maximum de 1 500 caractères, espaces compris). Les résumés des communications sont publiés sur un site internet devant être construit pour la circonstance.
  • Une biobibliographie de l’auteur.e (et de ses co-auteur.es le cas échéant), contenant affiliations, courriel

Les contributeurs sont invités à soumettre en priorité leurs manuscrits complets aux adresses suivantes :

Éric Essono Tsimi | eric.tsimi@baruch.cuny.edu

Serge Alain GODONG | sagodong@hotmail.com

Un site internet (www.cameroonianstudies.com) permet de télécharger directement les propositions de contribution, rubrique contact. Vous pouvez aussi écrire à admin@cameroonianstudies.com

  • Les résumés devront être présentés en français et en anglais
  • Les auteurs seront invités invités au symposium entourant la publication. Les organisateurs dans la mesure du possible s’occuperont des démarches de financement des auteurs résidant en Afrique.

5. Dates importantes

30 Octobre 2021Date limite d’envoi du manuscrit complet
16 novembre 2021Communication de la décision d’acceptation (sous condition) ou de refus
16 Novembre-16 décembre 2021Révisions et relecture
30 janvier 2022Date limite de réception des manuscrits définitifs
Juin-Aout2022Publication – A compte d’éditeur
Septembre 2022 (1)  Symposium à New York (The City University of New York)  

6. Comité scientifique

Prof. Cheryl Toman, The University of Alabama

Prof. Sylvère Mbondobari, Université Bordeaux-Montaigne

Prof. Mathias Eric Owona Nguini, Université Yaoundé I

Dr. Thierry Ngosso, University of St.Gallen

Dr. Yann Bedzigui, ISS Africa

Dre Karine Ramondy